Bondage Végétal

La série « Bondage végétal » est le résultat d’une réflexion engagée lors de son travail dans les cuisines des Grands chefs étoilés. Son regard se pose particulièrement sur les légumes, ce produit noble symbole d’une nature que la société tend à humaniser. Dès lors s’impose l’idée de traiter « humainement »  le végétal  et pourquoi pas en le soumettant à une pratique tel le bondage qui tient en grande partie à la beauté visuelle et sensuelle du sujet ligoté.

« En clin d’œil à cette pratique traditionnelle de l’érotique japonnaise, et en hommage à Araki, Thomas Duval transpose ici l’art du bondage dans le domaine culinaire : jouant volontiers avec le discours actuel d’une cuisine qui en appelle systématiquement au « respect du produit », voire au « confort du légume » (Alain Passard), ses 15 photographies violentent gentiment les légumes de notre quotidien alimentaire, au prix d’une véritable transgression esthétique, qui est une transgression sans agression (comme le bondage), une transgression qui prolonge et dépasse avec humour le culte du légume, Par là même, son travail vient réactiver la proximité symbolique des plaisirs de la table et de la couche. Fruits et légumes sont alors projetés dans la sphère du fantasme érotique, où les rondeurs de l’aubergine sont aussi féminines que le radis est viril…
Et voilà comment, au lieu de ficeler des femmes délicieuses comme il l’aurait fait d’un rôti, Thomas Duval a choisi de ligoter des légumes comme s’ils étaient femmes ! »
Caroline Champion